Le 16 février dernier, un accord franco-ukrainien a été signé par le Président de la République pour confirmer et renforcer le soutien de notre pays à la sécurité de l’Ukraine. Le 26 février, le Président de la République s’est exprimé dans le prolongement de cet accord et a affirmé que la France n’excluait pas l’envoi de troupes occidentales sur le sol ukrainien.
À la demande de plusieurs personnalités et chefs de partis politiques, un débat à l’Assemblée nationale a eu lieu suivi d’un vote qui a permis à chacun de faire valoir sa position sur cet accord bilatéral et ses déclinaisons possibles dans les faits. Quelle est ma position ?
Je condamne fermement l’atteinte et la violation de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de l’Ukraine par la Russie.
La France a réagi à juste titre en assurant l’Ukraine, en légitime défense, dans son soutien dès le début du conflit il y a deux ans. Ce soutien s’est traduit par la livraison des armes et des munitions dont les troupes ukrainiennes avaient besoin afin de faire face à l’envahisseur.
Aujourd’hui, la France doit poursuivre dans cette même voie notamment en s’assurant que les armes promises soient livrées, car l’Europe a pris un très grand retard sur ses engagements en la matière. Pour autant, nous devons nous garder de toute initiative qui conduirait à un enchainement de provocations, à une escalade difficile à maîtriser et à un conflit armé entre puissances nucléaires.
Je refuse la possibilité d’une intervention armée qui entraînerait une Troisième Guerre mondiale.
La possibilité d’envoi de troupes françaises sur le sol ukrainien, comme cela a été affirmé à deux fois par le Président de la République, nous précipiterait dans un engrenage dont nous ne mesurons pas les conséquences, y compris sur notre propre sol. L’accord signé n’est pas non plus de nature à me rassurer à cet égard : il nous engage à soutenir l’Ukraine pour dix ans sans qu’aucune limite ne soit fixée quant aux modalités du soutien en question.
J’ajoute, car ces sujets ont également été discutés, qu’un élargissement de l’UE à dix nouveaux pays à l’est de notre continent, dont l’Ukraine, changerait assurément la nature de l’Union européenne et nécessiterait dès lors un référendum. De même, la règle de l’unanimité au Conseil en matière de politique étrangère doit être préservée, faute de quoi l’indépendance de la France disparaîtra en même temps que son siège au Conseil de Sécurité.
Ce sont deux sujets qui constituent des lignes rouges déterminées le 16 décembre dernier lors du congrès du mouvement Refondation Républicaine dont je suis membre.
Enfin, la France doit œuvrer à une issue du conflit négociée entre l’Ukraine et la Russie, conforme au droit international.
« S’agissant de la paix et de la guerre, il faut que notre président se souvienne que la dissuasion ne peut être mise en œuvre que pour la défense des intérêts vitaux de la France. Or, disons-le clairement, les intérêts vitaux de la France ne se situent pas en Ukraine », a souligné Jean-Pierre Chevènement dans un entretien donné au Figaro le 28 février dernier.
La France ne doit pas sombrer dans une politique néoconservatrice, a fortiori quand ses intérêts vitaux ne sont pas menacés, et quand elle aboutit à diviser les États européens et n’est suivie par aucun de ses principaux alliés.