Communiqué de Refondation républicaine, 4 février 2025.
A l’annonce par le président américain de nouveaux droits de douane frappant les produits venus de l’Union européenne, le premier réflexe chez les gouvernants comme chez les commentateurs est, par une fausse symétrie, d’inviter l’Europe à la fermeté. Car nous avons transféré à Bruxelles nos compétences en matière de politique commerciale.
Mais l’Union européenne est-elle capable de résister ? Depuis sa fondation, elle se conçoit elle-même comme le premier allié de l’Amérique. L’atlantisme est le bain natal de l’Union, aussi bien pour les échanges économiques, pour la politique extérieure, que pour la défense. Un retournement de posture n’a guère de crédibilité. Profondément divisée entre les États qui admirent le trumpisme (Italie, Hongrie, Slovaquie) ceux qu’il terrorise (Allemagne, Pays baltes), ceux qui sont inquiets (Pologne, Pays-Bas), ceux qui envisagent d’y résister (France, Espagne), la Commission aura bien du mal à dépasser les velléités et les discours. Nous parvenons au terme du désarmement unilatéral d’une Europe construite comme un marché faussement « libre et non faussé », qui a sacrifié nos industries.
Le président Trump a indiqué à plusieurs reprises qu’il ne voulait pas négocier avec l’U.E. mais avec les États. Divide ut impere. De sorte qu’une résistance forte de l’Union européenne à la guerre commerciale est une illusion.
En réalité chaque État ira à la confrontation avec ses atouts et ses faiblesses. C’est le moment de penser France. Nos importations venant des USA excèdent de 8 milliards nos exportations (ITC, 2023). A la différence de beaucoup d’États-membres et de l’Union dans son ensemble qui enregistrent des soldes très positifs. L’électricité nucléaire nous évite d’importer trop d’énergie fossile d’outre-Atlantique. Notre industrie d’armement limite les pressions pour acheter américain. Notre industrie aéronautique et spatiale limite notre recours à Boeing ou SpaceX. Ces vestiges de l’indépendance gaullienne vont devenir de bons atouts dans l’affrontement commercial qui vient. A condition de penser France. A condition par exemple de ne pas se laisser entrainer à subventionner les achats d’armes américaines par l’Ukraine, d’y encourager les négociations plus que les rodomontades, de ne pas prétendre remplacer les USA dans un conflit sans issue.
Nous vivons une phase-clé de l’épuisement du néo-libéralisme. Les nations sont partout de retour. Seuls les États peuvent constituer des môles de résistance à l’offensive commerciale qui vient, et Bruxelles ne peut y opposer qu’un sabre de carton. C’est un changement de paradigme à l’échelle du monde. Le système des alliances fixes et indissolubles est révolu. Dans ce nouvel univers, penser France sera la meilleure façon d’orienter l’action. Peut-être existera-t-il demain un pôle de résistance regroupant plusieurs États européens, pour une Europe à géométrie variable. Ce serait souhaitable. Mais cela passe par l’effacement de la Commission, incapable par construction de défendre les intérêts de vingt-sept peuples différents.