Laetitia Paré
Nos services publics sont notre bien commun et notre avenir. Il faut les ranimer pour donner à tous un accès garanti. C’est notre tradition propre mais c’est aussi et surtout notre avenir.
Ils sont notre bien commun, un bien qui nous appartient. Ils ont été construits au fil des décennies depuis un siècle, ce qui veut dire que nos parents, grands-parents et aïeux ont travaillé, épargné, reconstruit le pays – à deux reprises – pour nous léguer ce patrimoine. A nous de le faire vivre et d‘exiger qu’il remplisse toute ses missions.
Ses missions : nous transporter, nous fournir de l’énergie – et aujourd’hui une connexion numérique sûre – nous permettre un vrai accès à la santé.
Dans tous ces domaines, notre pays connaît des défaillances depuis au moins 20 ans : on nous a répété à satiété que nos services publics coutaient trop cher. S’est-on seulement soucié de ce que coûtait leur défaillance ? Moins de petites gares, cela fait plus de voitures qui renchérissent les budgets des plus éloignés qui sont aussi souvent ceux qui manquent le plus de moyens (qu’il faut ensuite compenser). Moins de médecins, cela veut dire plus de charges sur l’hôpital qui devient moins disponible lorsque l’on en a le plus besoin. Même les fournisseurs d’énergie, soumis à la concurrence, ne garantissent plus un prix raisonnable pour les plus modestes. Et EDF doit payer l’achat massif d’électricité pour financer un meilleur accès de tous à un tarif acceptable alors qu’il lui faut investir dans le nucléaire, l’énergie propre de demain accessible au meilleur coût pour l’usager. Beaucoup d’enjeux donc, autour de nos services publics.
Donner à tous un accès garanti
Le marché européen et ses règles (que nous avons acceptées) a ses responsabilités dans les dégradations que nous subissons depuis maintenant de longues années. Il peut et doit être revu pour assurer l’égal accès, la continuité territoriale et un coût acceptable pour tous. Notre Constitution pourrait le prévoir.
Notre pays doit aussi se donner les moyens de bien former, bien affecter et rémunérer correctement ceux qui sont en première ligne pour l’assurer : un début d’amélioration a eu lieu pour les personnels hospitaliers, qu’il faut poursuivre.
Comment faire ?
Nos propositions :
– notre Constitution doit garantir l’égalité de tous devant le service public et sa continuité territoriale de la même façon que d’autres pays, tels l’Allemagne, inscrivent dans leur Constitution ce qui est intouchable dans leur identité ;
– l’affectation des personnels de l’Etat et des collectivités territoriales doit être, sous le contrôle du Parlement qui vote le budget, en proportion de la population et de ses besoins : en finir avec les déserts médicaux dans les campagnes aussi bien que dans les banlieues déshéritées. Leur nombre doit être renforcé partout où c’est nécessaire, à l’hôpital d’abord. On peut aussi envisager de développer le service civique pour renforcer l’accès aux services publics (aide au numérique, transports de personnes âgées ou dépendantes, permanences dans les maisons de services publics) : cela commence à se faire, il faut renforcer cette évolution qui est bonne et la systématiser sur tout le territoire en tenant compte des besoins ;
– on doit « doper » la polyvalence des agents tout particulièrement en milieu rural (on a commencé à le faire dans les bureaux de poste) mais aussi libérer l’initiative des maires notamment dans les petites communes en les aidant à ouvrir des services à la population soit dans des commerces (épicerie polyvalente) soit en créant des services inédits tels des services de taxis pour permettre aux personnes âgées ou socialement dépendantes de rejoindre les services et commerces urbains. Les maires de nos petites communes ont beaucoup d’idées, il faut les soutenir. Il faut aussi soutenir les associations très nombreuses qui se consacrent au maintien et à la rénovation du patrimoine et plus largement aux activités culturelles qui sont un enjeu majeur de réanimation de nombreux territoires.
– créer un nouveau service public de la dépendance pour traiter les problèmes spécifiques aux plus âgés avec un personnel apte à les aider à demeurer à leur domicile ;
– inclure clairement la médecine en cabinet dans les services publics : affectation des médecins au moins les premières années selon les besoins territoriaux, compensée par des aides spécifiques, multiplication de maisons de santé bien équipées ;
Non seulement le service public n’est pas mort mais un pays comme la France qui a su être en avance dans ce domaine doit maintenir et développer son inventivité. Bien conçu le service public est créateur d’emplois.